Avec Nagisa Ōshima, Charles Tesson, Catherine Cadou, Costa-Gavras.
Le 13 octobre 1986, Charles Tesson rencontre Nagisa Ōshima à l'occasion du cinquantenaire de la Cinémathèque française.
Éléments sur cassette Betacam retrouvés en 2023 et numérisés par la Cinémathèque française.
Remerciements à François Manceaux et Michel David.
Septembre 1986, cinquantenaire de la Cinémathèque française. Nagisa Ōshima est invité au palais de Chaillot avec son nouveau film, Max mon amour. C'est là l'occasion d'un dialogue avec les spectateurs (animé par Charles Tesson, traduit par Catherine Cadou). La première rencontre d'Ōshima avec le public français date de 1969, avec la projection,
à la Cinémathèque déjà, de La Pendaison (1968). Et les films Contes cruels de la jeunesse (1960), L'Enterrement du soleil (1960)
et Les Plaisirs de la chair (1965) sont pour la première fois montrés en France, à partir de mars 1986.
Après la présentation de Max mon amour au Festival de Cannes cette année-là, on a pu lire chez certains critiques une déception notable. Ce qui déroute, c'est que le film ne se révèle,justement, pas si dérangeant, malgré son thème et malgré la réputation du cinéaste qui a su se montrer exigeant, voire radical par ses recherches formelles et sa volonté de réformer la création cinématographique japonaise. La verve politique d'Ōshima se serait-elle estompée, adoucie ? Le cinéaste nous éclaire en répondant à une question posée dans le public : s'il faut toujours garder une attitude radicale dans sa critique de la société, celle-ci gagne peut-être aujourd'hui à s'exprimer de manière moins virulente.
Ōshima évoque ces évolutions dans son travail, s'exprime sur les difficultés du cinéma national et l'intérêt que suscite chez lui le modèle de la production indépendante française, devenu au Japon absolument inimaginable. Il évoque les réceptions
de ses films en France, pays qui permettra la production de L'Empire des sens en 1976 et L'Empire de la passion en 1978 (Prix de la mise en scène au Festival de Cannes) et assoira une réputation de scandale. Après une coproduction internationale
(Furyo, en 1983), Max mon amour est le premier film d'un auteur japonais totalement dépourvu, de l'équipe au casting, d'éléments japonais.
Très classe dans un costume de rock star à la Bowie, Ōshima répond à tout, aux questions plus ou moins bonnes,
avec honnêteté et sincérité. Il se sait accueilli en proche par une institution amie.
Matthieu Grimault