Il s'agit là de mon premier film, du premier que j'aie achevé seul. Et, j'en ai bien peur, du meilleur, ou du plus achevé, que j'aie jamais fait. Et à coup sûr du plus séduisant. D'ailleurs, il est fait pour cela. Le titre signifie UNSANITY'S SPECULUM. Le terme « Unsanity » est emprunté à Korzybski, et signifie "ce qui n'a rien à voir avec la santé"; il ne faut donc pas confondre avec « insanity ». Le titre entier fait référence au Miroir De La Magie, de Kurt Seligman (je ne sortais que depuis peu du surréalisme, à l'époque)... La plupart des éléments-image furent tournés entre janvier et juin 1970, et le reste durant le mois d'août (le mois de juillet avait été occupé par l'opération du Pyla). Bien évidemment, ce tournage ininterrompu s'effectuait dans le mouvement de la vie quotidienne, sans projet de film particulier. Les superpositions étaient effectuées directement dans la caméra, conformément à l'usage de l'époque. Mais lorsque, à l'automne 1970, je me trouvai dans l'impossibilité mentale de monter le film du Pyla, et dans l'obligation (?) de fournir à l'IDHEC un film de fin d'études, je résolus de monter ce stock d'images à proprement parler insignifiantes, sur des extraits plus ou moins remaniés, principalement de la Société du Spectacle mais aussi d'autres textes, et sur des musiques que nous écoutions beaucoup à l'époque. Il s'agissait pour moi de condenser en un seul film nos expériences "hippies" d'un côté et pro-situationnistes de l'autre (les deux espèces n'ont jamais fait très bon ménage). C'était une gageure, je crois ne pas m'en être trop mal tiré.