Reel 1-0-9-22 / Autoportrait monumental, gigantesque corpus d'une durée de 36 heures, divisé en 85 bobines d'une durée de 26 minutes, Five Year Diary est l'œuvre la plus importante de la cinéaste. Elle couvre deux décennies. Dans cette chronique de sa vie quotidienne dans le Massachusetts, Robertson documente sans détour son combat pour survivre face à la dépression3. De sombres et intenses monologues intérieurs, teintés çà et là de l'humour et de l'autodérision propre à la conscience qu'avait l'artiste de sa maladie, donnent toute sa profondeur à cette expérience thérapeutique en cinéma.
Anne-Charlotte Robertson a grandi dans une famille de la classe moyenne, de confession protestante. Elle étudie le cinéma à Boston au Massachusetts College of Arts où elle est l'élève du grand maître américain du Super 8 Saul Levine. Elle choisit également ce medium qui, à l'époque, était le plus accessible. Elle est aussi influencée par des cinéastes aussi différents que Ed Pincus ou Carolee Schneemann. À partir de 1976, Anne-Charlotte Robertson commence à réaliser des films qui s'inscrivent dans la tradition du journal filmé. Ils nous font partager sa vie intime par un mélange d'essais, de performances et de séquences d'animation. Une œuvre viscérale et obsédante dans laquelle la cinéaste, en se filmant elle-même, a su exorciser les angoisses, obsessions et compulsions liées aux troubles psychiques dont elle souffrait, en abordant de façon inédite l'expérience thérapeuthique par le cinéma. Selon la cinéaste, le cinéma est un moyen de guérison, un remède.